The American Dissident: Literature, Democracy & Dissidence


François Villon—Critical Poems

François Villon, deemed safe today, would no doubt be excluded from the anthologies if the world he wrote about were ours, for he dared, unlike our laureates, criticize his contemporaries. In the following poem, examined in a cahier spécial by Ionela Manolesco in issue #9 of The American Dissident, Villon dared accuse his jailer, court bailiff Garnier, who really did exist. This poem was quite pertinent for today's society, where most poets would choose silence. Unlike them, Villon dared name names and did not keep his mouth shut.  Eventually, in 1463 he was fortunate to obtain a stay of execution and instead was banished from Paris. Nobody knows what happened to him or when and where he died. The editor's translation follows the French version. 

 

Question au clerc du guichet [Ballade de l'appel]

Que dictes vous de mon appel,
Garnier, fis je sens ou folie ?
Toute beste garde sa pel :
Qui la contraint, efforce ou lie,
S'elle peult, elle se deslie.
Quant dont, par plaisir voluntaire
Chanté me fut ceste omelie,
Estoit il lors temps de moy taire ?
Se fusse des hoirs Hue Capel
Qui fut extrait de boucherie,
On ne m'eust parmy ce drapel
Fait boire en cest escorcherie
- Vous entendez bien joncherie -.
Mais quant ceste paine arbitraire
On me juga par tricherie,
Estoit il lors temps de moy taire ?
Cuydiés vous que soubz mon capel
N'eust autant de philosophie
Comme de dire «J'en appel» ?
Si avoit, je vous certifie
- Combien que point trop ne m'y fie -
Quant dit me fut, present notaire,
« Pendu serrés », je vous affie,
Estoit il lors temps de moy taire ?
Prince, se j'eusse eu la pepie,
Pieçà fussë ou est Clotaire :
Aux champs debout comme une espie...
Estoit il lors temps de moy taire ?

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Ballade of the appeal


So what do you think of my appeal
Garnier, was it sensible or folly?
Every creature will fight for his life,
Constricted, forced or bound,
If he can, he’ll get away.
When by arbitrary decision therefore
That refrain was sung to me
Should I have kept my mouth shut then? 
If I were an heir of Hugues Capet,
Spawned from butcher’s stock,
They wouldn’t have with the cloth
Made me down that scorching water
—You understand argot—
But when that arbitrary sentence
They judged me with trumpery,
Should I have kept my mouth then?

Do you think that under my bonnet
There wasn’t enough philosophy
To have me declare “I appeal”?
Yes, yes, I assure you
—Oh how much lack of confidence though—
When it was said in presence of the notary,
“You will be hung!” I swear,
Should I have kept my mouth shut then?
Prince, if I were stricken by muteness
Long time ago, I would have been where Clotaire:
In the field hanging from a tree
Should I have kept my mouth shut then?
[trans. GTS]

La Ballade des pendu [L’Epitaphe Villon]

Frères humains qui après nous vivez
N'ayez les coeurs contre nous endurciz,
Car, ce pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tost de vous merciz.
Vous nous voyez ci, attachés cinq, six
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéca devorée et pourrie,
Et nous les os, devenons cendre et pouldre.
De nostre mal personne ne s'en rie:
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!
Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir desdain, quoy que fusmes occiz
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas le sens rassiz;
Excusez nous, puis que sommes transsis,
Envers le filz de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale fouldre
Nous sommes mors, ame ne nous harie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!
La pluye nous a débuez et lavez,
Et le soleil desséchez et noirciz:
Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez
Et arraché la barbe et les sourciz.
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis ca, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charie,
Plus becquetez d'oiseaulx que dez à couldre.
Ne soyez donc de nostre confrarie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!
Prince Jhésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie:
A luy n'avons que faire ne que souldre.
Hommes, icy n'a point de mocquerie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

Epître à ses amis

Aiez pictié, aiez pictié de moy,
A tout le moins, s'i vous plaist, mes amis !
En fosse giz, non pas soubz houz ne may,
En cest exil ouquel je suis transmis
Par Fortune, comme Dieu l'a permis.
Filles amans jeunes gens et nouveaulx,
Danceurs, saulteurs faisans les piez de veaux,
Vifz comme dars, aguz comme aguillon,
Goussiers tintans clers comme gascaveaux,
Le lesserez la, le povre Villon ?
Chantres chantans a plaisance, sans loy,
Galans, rians, plaisans en faiz et diz,
Courenx alans, franc de faulx or, d'aloy,
Gens d'esperit, ung petit estourdiz,
Trop demourez, car il meurt entandiz.
Faiseurs de laiz, de motés et de rondeaux,
Quant mort sera, vous lui ferez chaudeaux !
Ou gist, il n'entre escler ne tourbillon ;
De murs espoix on lui a fait bandeaux.
Le lesserez la, le povre Villon ?
Venez le voir en ce piteux arroy,
Nobles hommes, francs de quars et de dix,
Qui ne tenez d'empereur ne de roy,
Mais seulement de Dieu de Paradiz ;
Jeuner lui fault dimenches et merdiz,
Dont les dens a plus longues que ratteaux ;
Aprés pain sec, non pas aprés gasteaux,
En ses boyaulx verse eaue a gros bouillon,
Bas en terre - table n'a ne tresteaux -.
Le lesserez la, le povre Villon ?
Princes nommez, ancïens, jouvenciaulx,
Impertez moy graces et royaulx seaulx
Et me montez en quelque corbillon.
Ainsi le font, l'un a l'autre, pourceaux,
Car ou l'un brait, ilz fuyent a monceaux.
Le lesserez la, le povre Villon ?